Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/91

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du nombre desquels je vous ay toujours tenu comme des plus anciens, et qui par ce moyen doibt servir d’exemple aux aultres. A ceste cause je vous ay bien voulu particulierement escrire la presente pour vous prier, Capitaine Espalungue, quand ledict sieur de Gramont ira par delà, vous rendre souvent prez de luy, pour entendre à ce qui sera besoing pour mon service ; recognoissant l’auctorité que je luy ay donnée, avecque le respect que telle charge merite[1]. Et m’asseurant que le ferés ainsy, je ne vous en diray davantage ; priant Dieu, Capitaine Espalungue, vous avoir en sa saincte et digne garde. De Nieul[2], ce vie mars 1573.

Vostre bon maistre,
HENRY.
  1. Cette phrase est la formule usitée. On ne saurait y voir une insinuation à la révolte contre Gramont. Le jeune roi de Navarre, même prisonnier des catholiques, était trop jaloux de son autorité et connaissait trop à son parti certaines tendances républicaines pour jouer ainsi avec la révolte de ses peuples, quand même le comte de Gramont n’eût pas été un ancien serviteur de sa maison. D’ailleurs le récit de d’Aubigné explique de la manière la plus formelle l’action du baron d’Arros comme une détermination soudaine que lui fit prendre l’enthousiasme de son vieux père. Outre d’Aubigné, on peut voir sur ce curieux épisode l’Abrégé chronologique de Mézeray, et l’Histoire des troubles survenus en Béarn, par l’abbé Poeydavant, La date de 1573 que ce dernier donne à ces faits est justifiée par la lettre du roi de Navarre. La date de 1574, donnée par Mézeray, est donc fautive.
  2. C’est en ce lieu, en face de la Rochelle, que le roi de Navarre, obligé d’assister au siége de cette ville, était campé. D’Aubigné énumère tous les personnages de marque qui se trouvaient à ce camp devant la Rochelle : « Monsieur, le duc d’Alençon, son frère, le Roy de Navarre, les princes de Condé et Dauphin, les ducs de Guise, d’Aumale, Nevers, Longueville, Bouillon et Uzez, le chevalier et mareschal de Cossé, Montluc, le comte de Retz, la Chapelle aux Ursins, Chavigny et le grand-prieur de Champagne : tout cela vint loger à Nieul. » (T. II, l. I, ch. ix.)