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XXIII
INTRODUCTION

sans aucune littérature, et se réduisant à une liste de cinq cents mots relevés çà et là dans des gloses de manuscrits latins ; moyen-breton, dont la littérature religieuse part seulement du xive siècle ; et breton moderne, demeuré la langue rurale d’un département français et de la moitié de deux autres. — Géographiquement, le breton se divise en quatre dialectes, qui correspondent aux quatre anciennes provinces épiscopales : trécorois (Tréguier), léonais (Saint-Pol de Léon), cornouaillais (Quimper) et vannetais. Ceux qui parlent l’un quelconque des trois premiers se comprennent entre eux ; mais le breton de Vannes en diffère très notablement.


V. On vient de voir que le cymrique, le cornique et le breton, séparés depuis le ve siècle, sont restés à peu près identiques, ou du moins sans différence appréciable pour nous, jusque vers le xe. Depuis lors, ils ont divergé, mais moins qu’on ne serait tenté de le supposer de prime abord : les relations ont été assez suivies d’un bord à l’autre de la Manche ; la terre conquise par le Saxon exécré est demeurée pour le Breton le pays des souvenirs patriotiques et religieux, d’où partent et où se rendent en pèlerinage la plupart des saints qui catéchisent l’Armorique. Ce n’est guère qu’à partir de la fin du moyen âge, que les deux nations, après leur divorce religieux, se voient définitivement emportées, l’une dans l’orbite de la France, l’autre dans celle de l’Angleterre. Il en résulte qu’aujourd’hui encore les idiomes brittoniques se ressemblent beaucoup : non pas, comme on se l’est imaginé, qu’un Breton et un Gallois puissent d’emblée converser ensemble sans préparation, — tant s’en faut ; — mais en ce sens que, abstraction faite des lois phonétiques propres à chacune des trois langues, il serait difficile de signaler dans l’une d’elles une tendance générale ou un fait de structure linguistique qui ne fût point partagé presque à un égal degré par les deux autres. Leur évolution a été parallèle, et leurs divergences phonétiques mêmes n’affectent guère que le vocalisme.

Cependant, s’il importait absolument d’assigner au breton un caractère spécial qui l’isolât dans une certaine mesure de ses congé-