Page:Histoire de l'Académie Royale des Sciences et des Belles Lettres (1750).djvu/59

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s’adresser à M. Koenig même, qu’il requit amicalement par une Lettre du 28 Mai, 1751. de lui indiquer l’Original de cette Lettre de M. de Leibnitz, & d’en constater l’authenticité. La réponse de M. Koenig ne fut écrite que le 26 Juin. Elle portoit que cette Lettre lui avoit été communiquée par ce fameux Henzi, qui fut décapité à Berne il y a trois ans pour quelques séditions excitées dans l’Etat; & que ledit Henzi, comme étant fort attaché à l’etude, avoit rassemblé plusieurs Lettres anecdotes de Leibnitz, avec d’autres qu’il auroit publiées, si la destinée ne l’en avoit empêché. M. Koenig envoyoit en même tems a M. de Maupertuis une Copie de la Lettre entiere, dont il avoit cité un fragment; elle est datée du 16 Octobre 1707. & les paroles alléguées se trouvent en effet à la fin, mais pourtant avec quelque difference d’expression: car au lieu que dans la citation il y avoit,

"Elle (l’action) est comme le produit de la masse par le tems, ou du tems par la force vive &c."

ce qui renferme une contradiction manifeste, on lit dans la Lettre même ces mots ainsi corrigés :

"Elle est comme le produit de la masse par celui de l’espace & de la vitesse, ou du tems par la force vive, &c."

Difference, qui ne pouvant être rejettée sur une simple faute d’impression, augmente encore considèrablement les soupçons contre ce fragment. Car quand même la Lettre entiere ne pourroit pas être rejettée, il y a tout lieu de croire que quelques phrases, & peut être des periodes entieres, y ont été inferées; & qu’il a falu les corriger, parce qu’on ne les avoit pas d’abord renduës assez assortissantes au Texte. Mais, sans s’arrêter à ce soupçon, il paroissoit facheux que toute l’autorité de ce fragment dépendit du témoignage d’un homme qui avoit perdu la tête; & cela n’etoit pas fort propre à la confirmer. M. de Maupertuis ne crut pas néanmoins devoir s’en tenir à cette