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de l’Église repose sur des preuves authentiques[1]. Des ordres du Saint-Siège sont envoyés dans ce but aux abbés de Cîteaux et de Clairvaux.

Pierre, abbé de Cîteaux, élu depuis peu évêque d’Arras, et Pierre, abbé de Clairvaux, adressent, ensuite de ces ordres, une lettre collective à leur vénérable ami Gaufred, abbé d’Hautecombe, pour lui confier le soin d’écrire la vie du saint, à l’aide des notes rédigées par les frères de Bonnevaux, qu’ils lui transmettent, à l’aide des renseignements puisés dans les rapports fréquents que Gaufred a entretenus avec l’archevêque de Tarentaise, et d’après des dépositions dignes de foi[2].

Gaufred leur répond par une lettre dont le style témoigne de son talent littéraire. Il s’excuse de ne pouvoir retracer dignement la vie d’un si grand personnage. Néanmoins, il déclare accepter cette charge par esprit d’obéissance, et pour rendre un hommage de reconnaissance à celui qui a bien voulu l’honorer de son estime. Il se soumet par avance à toutes les corrections que ses commettants croiront devoir faire ou faire faire à son travail[3].

Cet ouvrage, très fréquemment cité, a fait placer son auteur au rang des écrivains importants du xiie siècle. Écrit vers 1183, et envoyé au pape en 1183, par le chapitre général de Cîteaux, il ne put être déposé à Rome qu’après la mort de Lucius III. Les courts pontificats des trois papes qui succédèrent à Lucius en retardèrent l’examen pendant quelques années. Enfin, le 6 des ides de mai 1194, Célestin III, trois semaines après qu’il a ceint

  1. Mandatum sedis apostolicæ, etc., publié à la suite de la Vie de saint Pierre, par l’abbé Chevray.
  2. Voir cette lettre aux Pièces justificatives, n°6.
  3. Voir cPièces justificatives, n°7.