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— et rapprochant ce fait du séjour du religieux Geoffroy di Castiglione ou de Châtillon[1] dans l’abbaye d’Hautecombe, et du voisinage de ce monastère avec le château où un seigneur de ce nom avait juridiction, il vint à penser que ce n’était pas s’éloigner beaucoup de la vérité, que de dire que Célestin IV était savoisien et non milanais. Depuis lors, nos écrivains nationaux, jaloux d’exalter les gloires de la patrie, se sont empressés d’adopter les conclusions dubitatives et assez hasardées de l’évêque de Saluces, sans en examiner les prémisses ; et, érigeant ces doutes en une vérité, ils ont fait de don Geoffrov un membre de l’ancienne famille de Châtillon, dont le manoir titulaire projette l’ombre de ses vieilles tours dans les eaux voisines d’Hautecombe.

Le lecteur restera juge de la question, et nous nous bornerons à rappeler que, d’après ses biographes, avant d’être moine cistercien, ce personnage avait été chanoine et chancelier de l’église de Milan. La pureté de ses mœurs, l’étendue de son savoir attesté par de pieux discours composés à Hautecombe, le font nommer, par Grégoire IX, prêtre-cardinal du titre de Saint-Marc, en l227, puis évêque du titre de Sainte-Sabine. A la mort de ce souverain pontife, il fut appelé à lui succéder par dix cardinaux, les seuls que l’empereur Frédéric ne tenait pas en prison. Cette élection eut lieu le 22 septembre 1241, et, dix-huit jours après, Célestin IV mourut sans avoir été couronné. Le Saint-Siège resta vacant pendant vingt-et-un mois[2].

Nicolas III se rattache a notre monastère par son en-

  1. Inutile de préciser que ces deux mots indiquent le même nom de famille en italien et en français.
  2. Moreri, Dictionnaire historique.