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temps l’épée dans le fourreau : les dauphins de Viennois étaient toujours ses voisins. Il eut cependant l’heureux honneur de mettre un terme à des luttes séculaires par un traité, signé à Lyon le 327 mai 1335, par lequel il cédait au dauphin, entre autres possessions, les seigneuries de Montluel et de la Valbonne, moins le fief de Châtillon en Chautagne, qui en dépendait, et recevait en échange divers avantages.

Dès lors, Aymon put s’adonner plus complètement aux travaux de la paix.

Depuis son origine jusqu’au xive siècle, la dynastie de Savoie avait été surtout guerrière. Elle devait avant tout affirmer son existence, lutter contre des voisins ambitieux et querelleurs, se ménager en même temps l’amitié du pape et de l’empereur et éviter, à force d’habileté, d’être broyée dans les chocs fréquents de ces deux puissances. Désormais, elle consolidera par des statuts généraux les membres épars de la monarchie et leur donnera une certaine homogénéité. Déjà Amédée le Grand avait promulgué quelques lois, obligatoires pour toutes les provinces. Édouard avait suivi son exemple. Mais Aymon, doué d’un grand sens pratique, comprenant que ses États s’épuisaient dans des guerres incessantes, les évita autant que les mœurs de l’époque le permettaient, mérita le nom de Pacifique et porta ses vues sur les réformes intérieures. Il introduisit des modifications considérables dans les institutions et fut un des principaux législateurs de sa race. Il institua à Chambéry un conseil de justice sédentaire, indépendant du conseil ambulatoire du prince, et ce fut l’origine du Sénat de Savoie. À ces deux conseils, il préposa un chancelier qui, pendant deux siècles, fut le seul vrai ministre du souverain, en dehors des questions de