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du 16 du même mois, l’abbé d’Hautecombe, par voie d’accommodement, consentit à borner son droit de pêche à la rive du lac s’étendant le long de la vigne du monastère, située à Salière[1].

Le nom d’Antoine de Savoie ne figure point sur les registres d’audience du Sénat. Cette compagnie s’honorait néanmoins de le compter pour un de ses membres ; car, en marge de la note d’audience du mardi 24 février 1688, on lit ces mots :

« Ce mattin sur les dix heures le seigneur dom Anthoine de Savoye abé d’Autecombe et sénateur céans est décédé au grand regret de tout le public.

« Le Sénat a faict faire un service pour le mesme seigneur a Sainct-Dominique et par une chapelle ardente[2]. »

il avait rendu le dernier soupir à Chambéry et son corps fut transporté à Hautecombe. Ce fut le dernier prince de la famille souveraine dont les restes y furent déposés avant la Révolution française, et il est à supposer que sa qualité d’abbé plutôt que celle de prince de Savoie motiva sa sépulture dans cette nécropole.

Les regrets exprimés par le Sénat étaient sincères ; dom Antoine emportait avec lui l’estime de toutes les classes de la société. Les actes officiels ne laissent même pas apercevoir l’irrégularité de sa naissance ; il y est appelé oncle de Charles-Emmanuel II, beau-frère de la duchesse Christine ; le roi de France le traite de très cher et très aimé cousin. Compatissant pour toutes les infortunes, très zélé pour l’honneur de son Dieu, bienfaiteur des églises, il s’était attiré le respect et l’amour du clergé

  1. De Loche, Hist. de Grésy.
  2. Archives du Sénat, Recueil des registres d’audience.