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CHAPITRE XI


Marelli, dernier abbé d’Hautecombe avant la Révolution. — Double invasion française. — Le Sénat et successivement la Chambre des Comptes administrent l’abbaye.

Aussitôt après le décès de dom Antoine de Savoie, le procureur général adressa des réquisitions au Sénat pour qu’il chargeât un de ses membres de faire la réduction des biens de l’abbaye.

Jean-Louis Devoley, seigneur de Valfrey, fut désigné. Le 27 février, accompagné des sieurs Comte, substitut du procureur général ; Clerc, commis-greffier criminel, « suivis de leurs scribes et laquais, il partit de Chambéry, alla dîner à Aix et, traversant le lac, arriva à cinq heures du soir à Hautecombe.

La délégation procéda à la visite de toutes les propriétés et dépendances de l’abbaye, comme nous l’avons vu faire, en 1640, à la mort d’Adrien de Saluces.

Cette opération dura treize jours[1].

Quelques mois après, Jean-Baptiste Marelli ou Marrelly, fils du comte Marelli, conseiller d’État et président général des finances de la monarchie, était nommé, quoique jeune encore, abbé commendataire d’Hautecombe, par Victor-Amédée II. Le premier duc de Savoie avait nommé le premier, le dernier des ducs nomma le dernier abbé commendataire proprement dit. Heureuse abbaye ! si elle n’eût suivi, dés lors, une marche inverse de celle de la dynastie de Savoie, et si déchue sous la période ducale, elle eût pu refleurir avec l’avènement des rois de Sardaigne.

La présentation de Jean-Baptiste Marelli fut confirmée par les bulles de provision du 7 septembre 1688, et, le 8 décembre suivant, le nouvel abbé recevait ses patentes de sénateur[2].

il était alors étudiant à Turin. Son entrée au Sénat avait été subordonnée, par le souverain lui-même, à la condition d’être gradué et d’être reconnu capable d’exercer les fonctions de magistrat. Aussi, cette compagnie n’éleva aucune opposition à l’entérinement de ses patentes de sénateur, et la prise de possession du siège ne s’effectua que le 3 juin 1697, le titulaire gardant toutefois le rang que lui assignait la date de sa nomination.

L’antique abbaye d’Hautecombe n’avait jeté aucun éclat sous la longue prélature de dom Antoine, comme nous avons pu le constater. Sous son successeur, elle ne se révéla que par les pensions que l’on tira sur elle en faveur d’étrangers, par un désarroi intérieur toujours plus grand à la suite des guerres et de la double occupation française, enfin par les conflits entre la communauté et l’abbé commendataire. Cette déplorable agonie de cette maison reli-

  1. Le procès-verbal en fut dressé à Chambéry, le 22 mars 1688.
    Il y avait alors douze religieux à Hautecombe, dont voici les noms : dom Antoine Passier, prieur ; dom Catherin Tolombert, sous-prieur ; dom Claude Drivet, dom Joseph Béart, dom Michel Montgellar, dom Charles Archinon, dom Denis Ârchinon, dom Jean Gojon, dom Louis Lalive, dom Danset, dom Bouvier, dom Louis Pegaz. (Arch. de Cour, Abbazie.)
  2. Voir Documents, n° 57.