Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/218

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de laquelle je soute­nais tantôt, qu’un père de famille est un petit roi dans sa maison. Tous ceux qui ont tâché d’appuyer la puissance des pères sur les enfants, n’ont jusqu’ici apporté aucune autre raison de cette autorité, que l’ordre de la génération : comme si c’était une chose assez évidente d’elle-même, que tout ce que nous avons engendré nous appartient. C’est à peu près comme si quelqu’un estimait qu’il suffit de voir et de définir un triangle, pour connaître d’abord et pour en inférer, sans faire d’autre raisonnement, que ses trois angles sont égaux à deux droits. D’ailleurs, la domination, c’est-à-dire la puissance souveraine, étant indivisible, suivant laquelle maxime on dit qu’un valet ne peut point servir à deux maîtres ; et le concours de deux personnes, à savoir du mâle et de la femelle, étant nécessaire à la génération, il est impossible qu’elle seule commu­nique l’autorité dont nous recherchons la vraie et la parfaite origine. Poussons donc plus avant cette recherche et voyons si nous en viendrons à bout par notre diligence.


II. Il faut pour accomplir ce dessein que nous retournions à l’état de nature, où règne l’égalité naturelle et où tous les hommes d’âge mûr sont estimés égaux. En cet état-là, le droit de nature veut que le vainqueur soit maître et seigneur du vaincu. D’où s’ensuit, que par le même droit, un enfant est sous