Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/346

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pourquoi c’est qu’il arrive du mal aux gens de bien et du bien aux méchants. Elle tombe dans notre thèse, par quel droit Dieu dispense le bien et le mal aux hommes ? Et je trouve que la difficulté n’a pas ébranlé le vulgaire seulement, mais que les plus grands philosophes en ont été confondus, et ce qui est encore plus étrange, que la foi des plus saints per­son­nages sur le point de la providence divine en a reçu quelques secousses. Oyez, je vous prie, le prophète David au psaume 73. Quoi que ce soit, Dieu est bon à Israël, à savoir à ceux qui sont nets de cœur. Or, quant à moi mes pieds m’ont presque failli et ne s’en a comme rien fallu que mes pas n’aient glissé. Car, j’ai porté envie aux insen­sés, voyant la prospérité des méchants. Et Job ce saint homme, combien grièvement se plaint-il à Dieu, de ce qu’étant juste, il ne laissait pas d’être exposé à tant et à de si grandes calamités ? Mais Dieu même prenant la parole en cette occasion, donne à Job la solution de cette difficulté et lui représente quel est son droit, par des raisons tirées de sa propre puissance, plutôt qu’en lui remettant ses péchés devant les yeux. Car, Job et ses amis disputent de telle sorte, que ceux-ci le veulent toujours faire passer pour coupable, à cause des châtiments qu’il éprouve en sa personne ; et lui, au contraire, les refuse par des preuves de son innocence. Après quoi, Dieu ayant ouï les raisons de part et d’autre,