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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/129

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vérité, quel autre pourrait vous surpasser, à l’exception de Réné Cardillac, le premier joaillier, sans contredit, qui existe aujourd’hui. Vous devriez aller chez lui, il vous recevra volontiers dans son atelier, car vous seul pouvez dignement l’aider dans son ingénieux travail, et c’est de lui seul, en revanche, que vous pouvez encore apprendre.” Les paroles de l’étranger m’avaient frappé d’une impression profonde. Je n’avais plus de repos à Genève, un désir violent m’entraînait loin de ce séjour. Enfin, je parvins à rompre mon engagement, et j’arrivai à Paris.

» Réné Cardillac me reçut avec froideur et rudesse. Mais je ne lui laissai aucun repos, jusqu’à ce qu’il consentit à me confier de l’ouvrage, quelque peu important qu’il pût être. J’obtins enfin de façonner pour lui une petite bague. Lorsque je lui présentai le bijou, il fixa sur moi ses regards étincelants, comme s’il eût voulu lire et pénétrer dans le plus profond de mon être. Il me dit ensuite : “Tu es un habile et brave compagnon, tu peux entrer chez moi, et je t’admets dans mon atelier. Je te paierai bien. Tu seras content de moi.” Cardillac tint parole. — J’étais déjà chez lui depuis plusieurs semaines sans avoir vu Madelon, qui, si je ne me trompe, était alors à la campagne chez une tante de Cardillac. Enfin, elle arriva. — Oh ! puissance éternelle des cieux ! qu’éprouvai-je à la vue de cette apparition angélique ! — Un homme a-t-il jamais aimé autant que moi ? et maintenant !… Ô Madelon ! — »

Olivier, accablé de douleur, ne put continuer ; il