Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/274

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jeune homme studieux et posé se transforma en spadassin et en fanfaron insupportable, faisant le tapageur et se querellant pour des bagatelles ; il ne trouvait plus de plaisir qu’à se battre : si bien qu’un beau jour le doyen d’une section de compatriotes, qu’il avait insulté lâchement, le tua en duel. — Je ne te raconte cela, cousin, que pour conter quelque chose ; n’en pense que ce que tu voudras. Et maintenant, pour revenir à la baronne et à son indisposition… »

En ce moment, des pas légers se firent entendre dans la salle, et je crus distinguer un frémissement plaintif s’élever dans l’air. — Elle n’est plus ! — Cette idée vint me frapper comme un coup de foudre mortel ! Mon grand-oncle se leva vivement et cria à haute voix : « Franz !… Franz ! — Oui, mon cher monsieur le justicier, répondit-on en dehors. — Franz ! continua mon grand-oncle, arrange un peu le feu dans la cheminée, et vois, si cela se peut, à nous préparer quelques bonnes tasses de thé… Il fait diablement froid, ajouta-t-il en se tournant vers moi, et nous ferons mieux, je pense, d’aller causer un peu là à côté, près de la cheminée. »

Mon grand-oncle ouvrit la porte, et je le suivis machinalement. « Comment ça va-t-il là-bas ? demanda-t-il. — Bon, répondit Franz, il n’en faut pas parler : madame la baronne est tout à fait remise, et elle attribue cette petite défaillance à un mauvais rêve. » J’allais éclater en transports de joie et de ravissement, quand un regard sévère de mon grand-oncle me rappela à moi-même. « Bah ! dit-il, tout