Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


De Briſeis, que je tiens ſi tres chere.
Or Patroclus, vray compagnon & frere.
Mene la belle, & la baille en leurs mains.
Et vous heraux, devant tous les humains,
Devant les dieux, & devant ce Tyrant,
Qui de ſon ſens va touſjours empirant,
Soyes teſmoingz, ſi au temps advenir,
Pour au danger de ce camp ſubvenir,
Les Grecs avoient beſoin de mon ſecours,
Ce fol reſueur eſt hors de bon diſcours,
Loing de conſeil, & ne ſcait pas entendre,
Qui eſt celuy qui a peu l’oſt defendre
juſques icy, & qui a la puiſſance
De le tenir toujours en aſſeurance.
    Sur ces propos, Patroclus amena
La damoyſelle : & aux mains la donna
Des deux heraulx : qui ſans plus ſejourner,
Ont pris chemin, pour aux nefz retourner
D’Agamemnon, & luy rendre la belle :
Qui ſ’en alloit, contre le vouloir d’elle.
    Par ce depart, furent adnichiles
Tous les plaiſirs du vaillant Achillés.
Car la douleur ſi fort le martyra,
Qu’en larmoyant, du tout ſe retira
Loing de ſes gens : & pour ſon dueil amer
Mieux ſupporter, ſur le bord de la mer
Se contenoit : dreſſant ſa plaindre amere
Souventes fois, envers Thetis ſa mere.
    Puis qu’en naiſſant, la dure Deſtinée,
(Ce diſoit il) m’a la vie ordonnée
De bien peu d’ans, Iuppiter qui tout voir,
Vng peu d’honneur departir me deuoit