Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/38

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Avant la mort : ſans vouloir, ne permettre
Qu’Agamemnon me peuſt ainſi deſmettre
De mon foulas : prenant d’authorité
Le noble don que j’avois merité.
    Du plus profond de la mer large & creuſe
Ouyt Thetis la complaincte piteuſe
De ſon cher filz : & laiſſant le vieil pere
Oceanus en ſon marin repaire,
Diligemment, en ſemblance de nue,
Vers le dolent Achillés eſt venue.
    Maint doux acueil, mainte belle careſſe
Luy feit, diſant : Mon cher filz, helas qu’eſt-ce ?
D’où vient cecy ? las qui a ta penſée
Si rudement aſſaillie & bleſſée ?
Compte le moy, afin que ie cognoiſſe
Avecques toy ta douloureuſe angoiſſe.
    Eſt-il beſoin (diſt-il, en ſouſpirant)
Que la douleur qui me va martyrant,
Ie te declaire, ayant cogneu aſſez
Le tort à moy faict par ces jours paſſez ?
    Tu ſcais tres bien que pour faire dommage
Au Roy Priam, & tout ſon parentage,
Mainte cité, ſa ſubjecte & voiſine,
À eſté miſe en totale ruine
Meſmes la ville au grand Roy Aetion,
Par mon effort fut à deſtruction :
Et le butin, de la priſe ſorty,
Eſgalement aux ſoudars departy.
Dont Chryſeis d’excellente beauté
Fut delivrée au choix, & volunté
D’Agamemnon, qui pour ſoy la garda.
Le vieil Chryſes guere apres ne tarda