Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/315

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LE BERGER ET LES ECHOS

On nous croiroit gens à réflexions :
Mais nous disons beaucoup et nous ne pensons guères :
Bien rarement de nos décisions
Sommes-nous les propriétaires.
Nous répetons de bouche ou par écrit,
Ce que d’autres ont dit et souvent après d’autres.
Pure mémoire érigée en esprit ;
Jugemens étrangers que nous donnons pour nôtres.
Un seul homme a jugé : bien-tôt mille jaseurs
Adoptent son avis comme loi souveraine ;
Et ce torrent de rediseurs
Grossit si fort qu’il nous entraîne.
C’est trop s’abandoner à la pluralité,
Race imbécille que nous sommes,
Ce n’est pas là que git la vraie autorité.
Pour garants de la vérité,
Comptons les raisons, non les hommes.
Nommé par son hameau pour décider d’un prix,
Titire en un vallon bordé de mainte roche,
Rêvoit seul,