Page:Houssaye - La Vertu de Rosine, 1864.djvu/47

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Son beau navire, c’était sa jeunesse qui fuyait au loin, emportant les belles passions.

— Voyons, un peu de confiance, ma mie ! reprit la Harpie en prenant la main de Rosine ; boissonnons un peu, et dis-moi pourquoi tu pleures.

Rosine raconta naïvement, dans un coin du cabaret, comment elle avait quitté sa mère.

— Je t’arcpince à propos ; si tu veux chanter avec moi, je te donnerai ton gîte, ton pain et ton luxe.

La joueuse de harpe s’émerveillait de plus en plus de la beauté de Rosine ; elle calculait qu’avec une pareille compagne elle ferait fortune tous les jours.

— Je suis ta divine providence, poursuivit-elle ; sans moi, que deviendrais-tu ? car tu ne sais rien faire ; à moins que tu ne deviennes marchande de pommes ou d’allumettes.