Page:Houssaye - La Vertu de Rosine, 1864.djvu/48

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— Moi ? dit Rosine en secouant ses rêveries, j’aimerais mieux être marchande des quatre saisons que de chanter en pleine rue.

— Mademoiselle la précieuse ! tu changeras d’idée ; en attendant, je veux bien pousser la bonne volonté jusqu’à te mettre en boutique ; je vais t’établir à mes risques et périls, car j’ai confiance en toi. J’ai là de quoi acheter un éventaire et une botte de violettes. Il manque depuis cet hiver une bouquetière sur le pont au Change. C’est entendu. Nous allons souper ici. Moi, j’irai ensuite jouer dans les cafés du quartier. Toi, si tu ne veux pas venir, tu iras te coucher là-haut, je te payerai ton lit. Dans deux heures je viendrai te rejoindre. Va comme je te pousse et ne montre pas ton cadran à la destinée. Il y a de bonnes cascades.

Rosine ne savait que dire. La joueuse de harpe lui fit apporter du pain, du jambon et une bou-