Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/225

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bien ! je suis dépassée par ces messieurs. Ils ont deux langues de plus que moi. L’italien et le piémontais s’entend. Il m’en reste toujours une, il est vrai, dont je me sers comme quatre et qui pourrait bien rabattre leur caquet ; mais c’est égal, je suis humiliée, je voudrais tant te dire : « Io amo ! » Mais bah ! allons-y à la bonne franquette, je t’aime !

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» Je plaisante, et je n’en ai pas envie. Je suis triste à mourir. Je te regrette et je regrette davantage de vivre. Je ne sais de quel côté me tourner pour trouver dans le ciel l’astre malfaisant qui préside à ma destinée.

» Je suis bâtie d’une façon alarmante pour ma sûreté et celle des autres. Je rêve l’inconnu, je souhaite ce que je connais et les deux ne s’accordent point. Il n’est rien qui puisse me plaire une heure hors ton amour, et encore voudrais-je monter en ballon l’un portant l’autre, ton amour et moi, pour nous envoler dans des régions ignorées. »