Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/49

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revis qui arrosait ses primevères. Délicieux tableau, sous un rayon de soleil d’avril.

Mon ami Édouard L’Hote vint à passer : « — Que diable fais-tu là, planté comme un point d’admiration ? — J’admire le paysage. Vois-tu là-haut ce jardin babylonien ? »

Quelques primevères tombèrent dans la rue. Je courus les ramasser. « — Quoi ! reprit mon ami, c’est si sérieux que cela ? Mais tu ne vois donc pas que c’est une horrible maison où il ne perche que des filles ? — Oui, je vois ça ; mais vois-tu, c’est un ange qui est à la fenêtre. »

Je ne fis pas de façons pour conter mon aventure ! « — Tu ne juges donc pas que cette fillette n’est là que pour les attrape-nigauds. — Ceci ne l’empêche pas d’être la plus jolie créature du monde. » J’étais sérieusement pris, pris à ce point que le soir même, je remontais les quatre étages sans savoir pourquoi. Je fus bien inspiré, car cette fois je trouvai la fille sans la mère. Elle voulut me fer-