Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/101

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« Les lois de l’empire permettent aux simples citoyens d’avertir respectueusement les supérieurs lorsque le peuple est menacé de quelque préjudice. En conséquence, nous, les anciens de la ville de Canton, ayant considéré les événements, nous avons pensé que le visiteur provincial devait en être instruit, afin que par son entremise des remèdes convenables soient opposés au mal.

« Premièrement, on doit rendre notoire que des barbares demeurent à Tchao-King, et qu’ils sont venus des contrées étrangères pour habiter le royaume du Milieu. Il faut craindre les nouveautés : elles sont pernicieuses ; un grand mal menace l’empire. C’est ce qui éclate aux yeux de chacun, et ce que nous disons n’est que trop évident.

« Un amas considérable d’étrangers, partis des terres des barbares, est parvenu au port de Macao, aux confins de la ville de la Montagne des Parfums (Hian-Chan). Ils ont fait semblant d’organiser une ambassade vers le Fils du Ciel. Sous ce prétexte, ils voulaient s’ouvrir un chemin dans le royaume des Fleurs pour trafiquer avec les nôtres et mêler par le commerce les produits de tous les pays. Bien qu’ils n’aient pas été autorisés à agir de la sorte, ni admis à faire leur ambassade, ils sont néanmoins demeurés pêle-mêle en ce port de Macao. Les années passées, on les voyait sortir de leurs navires, trafiquer avec nous, sans pourtant pénétrer dans l’intérieur ; lorsque la saison des foires était finie, ils faisaient voile et s’en retournaient en leur contrée.

« Mais voilà que maintenant ils ont bâti des maisons et les ont élevées en plusieurs étages ; c’est là qu’ils