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TARTINI. — SA LETTRE A Mme LOMBARDINI. 59

reté, que le commencement du son que vous tirez soit comme un souffle, et que la corde ne paraisse pas ébranlée : cela consiste dans la légèreté du pouce, et à continuer tout de suite le coup d’archet en renforçant autant qu’on veut ; car, quand on a commencé à l’appuyer légèrement, on n’a plus à craindre de sons aigres ni durs. Assurez-vous de cette manière d’appuyer l’archet dans toutes les situations, soit que vous le preniez au milieu ou aux extrémités, et dans les tirés comme dans les poussés.

Pour ne s’y prendre qu’une fois, commencez ces sons filés sur une corde à vide, la seconde par exemple, qui est l'Amila ; commencez très-doux, et que votre son augmente peu à peu, jusqu’à ce qu’il soit très-fort. Faites cet exercice également en tirant comme en poussant. Employez à cette étude au moins une heure par jour, mais pas de suite, un peu le matin, un peu le soir ; et souvenez-vous bien que c’est là l’étude la plus importante et la plus difficile de toutes ! Quand vous serez rompue à cette manière, vous ferez très-aisément les sons filés qui commencent très-doux, deviennent très-forts, et reviennent très-doux dans le même coup d’archet. Vous aurez alors avec certitude et facilité la meilleure manière d’appuyer l’archet sur la corde, et vous ferez de votre archet tout ce que vous voudrez. Pour acquérir cette légèreté de pouce, d’où naît la rapidité de l’archet, il sera très-bon de jouer tous les jours quelques fugues de Corelli, toutes composées de doubles croches. Il y a trois de ces fugues, à violon seul, dans son cinquième œuvre : la première est dans sa première sonate en dlaré. Jouez-en un peu à la fois, de plus vite en plus vite, jusqu’à ce que vous en soyez venue à les exécuter avec la plus grande rapidité. Mais il faut vous avertir de deux choses : la première, de détacher l’archet,