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Ce mot pour M. Lacroix. Les journaux italiens annoncent avec grand éclat la réception de ma lettre[1].


À Albert Lacroix.


H.-H. 15 mai [1865].
Mon cher Monsieur Lacroix,

J’hésite à publier cette année quoi que ce soit. J’aurai deux ouvrages terminés, le roman et Les Chansons des rues et des bois. Mais je voudrais me mettre tout de suite à 93, et ces deux publications me prendraient en correspondance et en correction d’épreuves cinq ou six mois, ce qui m’effraie. J’ai peu d’années devant moi, et plusieurs grands livres à faire ou à finir. C’est ce qui me rend si avare de mon temps. Enfin, je songerai à tout ce que vous voulez bien me demander. Vous savez combien je suis votre ami, et vos conversations avec mon fils François-Victor ont dû éclairer bien des choses dans votre esprit. J’aurai probablement bientôt occasion de vous serrer la main à Bruxelles, ainsi qu’à vos honorables associés, mes amis.

Bien vôtre,
Victor H.[2]


À Théodore de Banville.


Hauteville-House, 21 mai [1865].

J’achève, cher poëte, votre nouveau recueil. Avant de le relire, je vous écris. C’est un de vos plus charmants livres. Que de raison, que de vérité, que de science et d’art dans cette gaîté ! et comme c’est exquis, la sagesse masquée de grâce ! Vous savez que depuis longtemps j’ai dit que vous êtes un grand poëte de l’Anthologie. Rien ne manque à cette lyre forte et délicate que vous avez dans l’esprit. Vous avez le grand vol et le doux murmure, la gentillesse, l’élégance gamine du moineau franc, le sautillement de branche en branche, et tout à coup de puissants coups d’aile et la fuite à travers les nuées. Tout cela, c’est le poëte.

  1. Bibliothèque Nationale.
  2. Les Travailleurs de la mer. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale.