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POST-SCRIPTUM DE MA VIE.

J’écrivais cela un jour à un rêveur, autrement rêveur que moi, qui voulait m’entraîner dans sa croyance et j’ajoutais : — Je vous suivrai donc du regard dans votre route, mais sans quitter la mienne.

[1845-1850.]

J’appartiens à Dieu comme esprit et à l’humanité comme force. Pourtant l’excès de généralisation mène à s’abstraire, en poésie, et à se dénationaliser, en politique. On finit par ne plus adhérer à sa vie et par ne plus tenir à sa patrie.

Double écueil que je tâche d’éviter. Je cherche l’idéal, mais en touchant toujours du bout du pied le réel. Je ne veux ni perdre terre comme poëte, ni perdre France comme homme politique.

[Février 1874.]

L’art existe de plein droit, aussi naturellement que la nature. L’art, c’est la création propre à l’homme. L’art est le produit nécessaire et fatal d’une intelligence limitée comme la nature est le produit nécessaire et fatal d’une intelligence infinie. L’art est à l’homme ce que la nature est à Dieu.

[1833-1836.]

La poésie contient la philosophie comme l’âme contient la raison.

[1830-1832.]

La logique est la géométrie de l’intelligence. Il faut de la logique dans la pensée ; mais on ne fait pas plus de la pensée avec la logique qu’un paysage avec la géométrie. Les figures abstraites, rigoureuses, parfaites et absolues ne se superposent pas plus aux choses de l’homme et de la vie qu’aux choses de la création.

[1840-1844.]

L’intelligence est l’épouse, l’imagination est la maîtresse, la mémoire est la servante.

[1830-1832.]