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EXPLICATION DE LA VIE ET DE LA MORT.

Sur chaque globe il y a un être qui le déborde et qui est son point de jonction, son trait d’union, son pont avec les autres sphères. L’homme est cet être sur la terre.

À la mort, l’homme devient sidéral.


La mort, c’est la revanche de l’âme.

La vie, c’est la puissance qu’a le corps de maintenir l’âme sur la terre par l’alourdissement ; la mort, c’est la puissance qu’a l’âme d’enlever le corps hors de la terre par l’élimination. Dans la vie terrestre, l’âme perd ce qui rayonne ; dans la vie extra-terrestre, le corps perd ce qui pèse.

La vie est un phénomène de gravitation, la mort est un phénomène d’expansion.

[1874-1875.]

S’il n’y avait pas une autre vie. Dieu ne serait pas un honnête homme.

[1870.]

La mort, désolation du cœur, est le triomphe de l’âme.

La mort n’est point un mauvais secret. Elle est une continuation.

Accoutumons-nous à regarder sans épouvante ce mystérieux prolongement de l’homme dans l’éternité. Tâchons de l’apercevoir le plus loin que nous pouvons dans le sépulcre.

Penchons-nous au bord de la vie et contemplons cette obscurité sacrée. Nous en serons meilleurs. La mort est sainte, et elle est saine. Tout ce qu’on peut en voir est de bon conseil.

La mort n’est pas injuste. La tombe n’est point le lieu sombre qu’on croit. Elle n’a rien du piège ni du guet-apens.

Je me penche sur cette ombre, où je vois, à une profondeur qui serait effrayante si elle n’était sublime, blanchir l’immense point du jour éternel.

[1863-1864.]

Notre vie rêve l’utopie et notre mort obtient l’idéal.

[1869-1870.]