Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome I.djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CROMWELL.
Tais-toi ! — Mon chapelain tarde bien à venir.
À part et se promenant à grands pas sur le devant du théâtre.
Comme ils sont tous contents ! ils pensent me tenir.

Ormond rit d’un côté, Rochester rit de l’autre.
Bon ! — leur génie en vient aux mains avec le nôtre.

À leur mesure étroite ils creusent mon tombeau !
Il s’arrête devant la table sur laquelle brûlent les deux bougies, et, comme offusqué de leur éclat, s’adresse rudement à Thurloë.

Pourquoi tant de lumière ? — Il suffit d’un flambeau ;
Qu’on mette en ma dépense un peu d’économie.
Il souffle lui-même une des deux bougies.
C’est ainsi qu’on éteint une vie ennemie.

Un souffle ! et tout est dit, — Hé bien ! mon chapelain ?
Entre Rochester, accompagné d’un page portant sur un plat d’or un gobelet d’or où l’on voit tremper un rameau de romarin.

THURLOË.
Le voici justement.
CROMWELL.
Enfin !
Il se frotte les mains avec joie.
SCÈNE XVI.
Les Mêmes, LORD ROCHESTER.
LORD ROCHESTER, à part.
Le vase est plein.
Il faut que Noll le boive. Il va faire un fier somme !

J’ai mis toute la fiole. — Eh ! je sers le pauvre homme,
Je l’arrache aux remords ; grâce à mes soins d’ami,

Il n’aura de longtemps, d’honneur, si bien dormi.
Il prend le plat des mains du page, qui se retire, et il le présente à Cromwell en s’inclinant.
Haut.
Mylord…
À part.
Il faut encor de la cérémonie.