Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/122

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tres fois il disait : — Elle est heureuse pour sa santé.

Il hochait la tête, et parfois lisait attentivement Avicenne, traduit par Vopiscus Fortunatus, Louvain, 1650, un bouquin qu’il avait, à l’endroit des « troubles cardiaques ».

Dea, aisément fatiguée, avait des sueurs et des assoupissements, et faisait, on s’en souvient, sa sieste dans le jour. Une fois qu’elle était ainsi endormie, étendue sur la peau d’ours, et que Gwynplaine n’était pas là, Ursus se pencha doucement et appliqua son oreille contre la poitrine de Dea, du côté du cœur. Il sembla écouter quelques instants, et en se redressant il murmura : — Il ne lui faudrait pas une secousse. La fêlure grandirait bien vite.

La foule continuait d’affluer aux représentations de Chaos vaincu. Le succès de l’Homme qui Rit paraissait inépuisable. Tout accourait ; ce n’était plus seulement Southwark, c’était déjà un peu Londres. Le public commençait même à se mélanger ; ce n’étaient plus de purs