Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 3.djvu/128

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une vague volonté qu’elle s’y soumît. Il avait cette volonté malgré lui, et dans une rechute continuelle. Il se figurait Dea humaine. Il en était à concevoir une idée inouïe : Dea, créature, non plus seulement d’extase, mais de volupté ; Dea la tête sur l’oreiller. Il avait honte de cet empiétement visionnaire ; c’était comme un effort de profanation ; il résistait à cette obsession ; il s’en détournait, puis il y revenait ; il lui semblait commettre un attentat à la pudeur. Dea était pour lui un nuage. Frémissant, il écartait ce nuage comme il eût soulevé une chemise. On était en avril.

La colonne vertébrale a ses rêveries.

Il faisait des pas au hasard avec cette oscillation distraite qu’on a dans la solitude. N’avoir personne autour de soi, cela aide à divaguer. Où allait sa pensée ? il n’eût osé se le dire lui-même. Dans le ciel ? Non. Dans un lit. Vous le regardiez, astres.

Pourquoi dit-on un amoureux ? On devrait dire un possédé. Être possédé du diable, c’est