Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 4.djvu/376

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Le mât de proue s’appelait le Paul, le mât de poupe s’appelait le Pierre, le navire étant conduit par ses deux mâts comme l’église par ses deux apôtres. Une passerelle, faisant passavant, allait, comme un pont chinois, d’un tillac à l’autre, par-dessus le compartiment du centre. Dans les mauvais temps, les deux garde-fous de la passerelle s’abaissaient à droite et à gauche, au moyen d’un mécanisme, ce qui faisait un toit sur le compartiment creux, de sorte que le navire, dans les grosses mers, était hermétiquement fermé. Ces barques, très massives, avaient pour barre une poutre, la force du gouvernail devant se proportionner à la lourdeur du gabarit. Trois hommes, le patron avec deux matelots, plus un enfant, le mousse, suffisaient à manœuvrer ces pesantes machines de mer. Les tillacs d’avant et d’arrière de la panse étaient, nous l’avons dit déjà, sans parapet. Cette panse-ci était une large coque ventrue toute noire sur laquelle on lisait en lettres blanches, visibles dans la nuit : Vograat. Rotterdam.