Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/226

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Les spectres, quand ils vont puiser de l’ombre au gouffre.
Ton nom semble tragique et fait d’un mot qui souffre,
Haceldama ! ce mot crie ainsi qu’un blessé.

Le sac de Judas fut des prêtres ramassé.

Or ils cherchaient un lieu de sépulture vile
Pour les gentils mourant par hasard dans la ville,
Afin que l’étranger restât toujours dehors,
Et ne fût pas chez lui, même étant chez les morts.
Ils choisirent l’enclos du potier solitaire.

Les trente écus dont fut payé ce coin de terre
Avaient déjà servi pour payer Jésus-Christ.

Et ce lieu depuis lors est nocturne.

                                                            Il fleurit.
Il verdoie, et l’aurore en s’éveillant le touche,
Rien ne peut dissiper sa nuit ; il est farouche.
Il appartient au deuil, au silence, au regard
Fixe et terrifiant de l’infini hagard ;
Une chauve-souris éternelle l’effleure ;
Toujours quel que soit l’astre et quelle que soit l’heure,
L’œil dans ce champ lugubre entrevoit à demi
L’épouvantable argent par Judas revomi ;