Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/39

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dant des heures, le bec de cane des loges, reçut, en plein visage, l’âcre bouffée des mirotons, l’odeur du cuir qu’on rafistole, la senteur de roussi des fers qui repassent le drap.

Dans certaines maisons, la loge était fermée, il tapait au carreau, allait dans la cour, en quête du concierge, ne l’apercevait pas, s’adressait à une vieille femme qui, rentrant dans le vestibule d’où elle sortait, criait du bas de l’escalier : Monsieur Baptiste, on vous demande ! Une voix arrivait d’en haut : Me v’là ! et de lointains coups de plumeau s’approchaient, descendant en même temps qu’un bruit lourd de bottes.

Il ne découvrait aucun logis acceptable dans les prix doux. Il ne trouvait que des appartements somptueux, très chers et des portiers hautains, des caves insalubres, tapissées d’ignoble papier, pavées de carreaux rouges, ornées de cheminées en plâtre peint. Il écoutait le boniment du montreur qui essayait d’enfoncer le client, affirmait que des familles entières avaient vécu en bonne santé dans ces cambuses, ne les avaient quittées que malgré elles et les regrettaient encore.

André était courbaturé moulu. Il s’attardait dan les pièces où restaient des chaises, s’asseyait, les mains sur les genoux et les yeux vagues, entendait le concierge, debout, remuant des clés dans les poches de son tablier bleu, battant sa petite réclame, amorçant le denier à Dieu.

— Oh ! c’est une maison tranquille ici, vous savez, chacun est chez soi, pas d’ennuis, pas de cancans