Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et il citait les gens du dessous, essayait pour la circonstance de laver leur linge sale, parlait des autres, énumérait les professions graves, semblait pris de pudeur lorsqu’il n’énonçait pas des titres ronflants, glissait vite sur le nom de certains de ses locataires, ne les faisait suivre d’aucune mention, puis il ouvrait la fenêtre du logement, toute grande, invitait André à s’approcher, lui vantait le point de vue de la cour, transformée en un jardin de mannezingue.

Et André se levait, se penchait sur la balustrade, assistait, au fond d’un puisard, à la lente agonie d’un géranium. Il contemplait les quatre murs, blanchis au lait de chaux, le carré du ciel sombre, le fond dégoûtant du trou. Le portier disait : c’est gentil, hein ? montrait des boules de couleur accrochées dans du lierre, des plates-bandes, bordées de buis et plantées de bâtons noirs, représentant des rosiers qui avaient perdu leur sève.

Et André rentrait dans la chambre, recevait sur la tête une nouvelle douche, finissait par s’enfuir, affirmant qu’il reviendrait et donnerait une réponse. Il avait parcouru déjà plusieurs rues, escaladé des cinq étages, enfilé des rez-de-chaussée, sondé des milliers de placards, relevé toutes les trappes des Cheminées, apprécié les incommodités de nombre de cabinets et de cuisines, quand il visita, rue Cambacérès, dans une maison de bonne apparence, un petit logement composé de deux pièces minuscules, d’une salle à manger moyenne, d’un cabinet de toilette grand comme un torchon, d’une cuisine et de lieux passables.