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Marguerite La Barge, détenue à Saint-Irénée, à Lyon où elle trépassa, en 1692.

Celle-là est la dernière recluse que nous connaissions…

Aujourd’hui, reprit Durtal en souriant, une caricature existe près de Lyon, des anciens reclusages. Je me souviens d’avoir autrefois visité, alors que j’étais de passage dans cette ville, l’ermite du Mont-Cindre. On y allait en partie de plaisir. L’ermite était un brave homme, affublé d’une soutane, niché dans une maisonnette avec jardin paré de rochers en coquillages et de statues affreuses. Il vendait des médailles et semblait pieux. Le métier était sans doute bon, car un concurrent bâtissait une bicoque, près de sa hutte. Il est difficile, je crois, d’assimiler ces professionnels modernes aux farouches reclus des premiers temps.

Cette institution de la Recluserie, maintenant morte, a fourni des saints célèbres aux hagiologues : sainte Heltrude, sainte Hildeburge, saint Dragon d’Épinay, saint Siméon de Trèves, sainte Viborade, sainte Rachilde, sainte Gemme, la bienheureuse Dorothée, la patronne de la Prusse, la bienheureuse Agnès de Moncada, la bienheureuse Julia Della Rena, la vénérable Yvette ou Jutte, du pays de Liège, saint Bavon, le bienheureux Millory, le premier reclus de l’ordre de Vallombreuse, la bienheureuse Diemone et Jutta qui eut pour élève sainte Hildegarde, la bienheureuse Ève qui fut, avec Julienne de Cornillon, l’instigatrice de la fête du Saint-Sacrement, et combien d’autres dont les noms m’échappent ! se disait Durtal.

En résumé, la réclusion a fini, comme ont fini les monastères qui tombaient en poudre lorsque la Révolution