Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/196

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à des savants, à des monarques, ou à des femmes riches.

— Sans doute, père, dit Durtal, mais pourtant permettez-moi une observation. La leçon d’humilité que vous mentionniez tout à l’heure a tout de même été un peu perdue. Le Moyen-Age qui inventa tant de légendes sur les rois Mages, n’en a pas imaginé une seule pour les pauvres pasteurs ; les reliques des mages, promus au rang des saints, sont encore vénérées à Cologne et personne ne s’est jamais occupé de savoir ce qu’étaient devenus les restes des modestes pâtres et ne s’est demandé s’ils n’étaient pas, eux aussi, des saints !

— C’est vrai, fit en souriant, le moine. Que voulez-vous, l’humanité raffole du mystère ; les mages étaient si énigmatiques, si étranges que tout le moyen-âge a rêvé de ces potentats qui représentaient, pour lui, le comble de la richesse et l’apogée de la puissance ; et il a oublié les bons bergers qu’il ne pouvait concevoir différents de ceux qu’il voyait, tous les jours. C’est l’éternelle chanson : les premiers devant Dieu sont les derniers devant les hommes.

Allez en paix, communiez, mon cher enfant, et priez pour moi.

Durtal se leva pour prendre congé.

— À propos, dit Dom Felletin, j’ai eu quelques renseignements sur l’effet produit dans le public par la lettre du pape relative à la loi des congrégations. On a bien compris qu’elle énonce, en termes plus adoucis, plus diplomatiques, ce qu’affirme plus rigoureusement l’interview de Des Houx, dans le Matin. Léon XIII retirera à la France le protectorat de l’Orient, si elle touche