Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/283

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de ces ascétères. Ce vieux grognard du Bon Dieu qui se macérait de terrible façon était cependant doux et aimable ainsi qu’un homme qui ne souffre pas. Il était à son âge le plus jeune caractère du noviciat. Il prêchait d’exemple et mieux que les exhortations du maître des novices et du zélateur, sa bonhomie apaisait les petites querelles qui se produisaient forcément entre le parti « moine » et le parti « curé ». Il irradiait la paix autour de lui et tous étaient d’accord pour l’écouter, tel qu’un saint.

— Il serait curieux de savoir, reprit Durtal, si ces horaires liturgiques ont été combinés entre les divers ordres ou s’ils ont été organisés, je ne dis pas au hasard, car le hasard n’existe pas, mais par une décision de la providence qui se serait arrangée, lorsqu’elle a inspiré les ordonnances de chaque institut, pour que chacun choisisse une heure différente, afin de remplir le cadre.

— Ah ça ! s’écria Dom Felletin, nous l’ignorons. Il est difficile de croire à une entente préalable, car la naissance des congrégations n’a pas eu lieu, aux mêmes époques. Il faudrait admettre alors qu’après avoir pris connaissance des observances des ordres déjà nés, ceux qui se fondaient auraient repris la prière au moment où les autres la laissaient. C’est, après tout, possible ; mais la preuve de ce dessein, où est-elle ?

Le père Emonot qui avait tenu compagnie à l’un des curés invités, arriva sur ces entrefaites conduisant doucement par le bras le père Philigone Miné. Il se débattait, en pleine enfance.

Depuis qu’il était en cet état, il errait lentement dans les corridors et ne se trouvait content que parmi les