Page:Huysmans - Les foules de Lourdes (1907).djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
LES FOULES DE LOURDES

comme recouverte d’un épiderme de nouvelle formation. »

Zola n’a pas voulu avouer cette spontanéité qu’il avait constatée pourtant ; il a préféré raconter que l’aspect du visage s’améliorait, peu à peu, que la cure s’opérait indolemment ; il a inventé des étapes et des gradations pour ne pas être obligé de confesser que cette renaissance soudaine d’une figure détruite était en dehors des lois de la nature humaine ; c’eût été l’aveu du miracle.

La question est, en effet, là. Que le lupus, si rebelle à tous les genres de médications, puisse néanmoins disparaître à la longue, c’est très possible ; mais ni les anciennes méthodes, ni la nouvelle thérapeutique des rayons invisibles ou des rayons lumineux n’ont fait et ne feront qu’il s’envole, qu’il s’évapore, par enchantement, en un clin d’œil. La nature ne peut fermer une plaie en une seconde, les chairs ne peuvent se restaurer en une minute. Ce qui constitue l’élément du miracle, en pareil cas, c’est moins la guérison que sa promptitude, que son instantanéité.

L’histoire de Marie Lemarchand, telle que l’a relatée Zola, est donc résolument inexacte ; préoccupé de fournir des arguments aux adversaires du surnaturel, il insinua, dans son volume, en sus de la lenteur mensongère de la cure, que ce lupus pouvait bien être un faux lupus, d’origine nerveuse.