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LES FOULES DE LOURDES

Et après ? en l’admettant, en quoi la question serait-elle changée ? Il n’en resterait pas moins le point principal, la réfection subite des cellules et des tissus. Un ébranlement nerveux n’a pas, je présume, le pouvoir de faire repousser sur le champ des chairs ; alors ? — mais la vérité est autre — l’origine du lupus de Marie Lemarchand est parfaitement connue ; elle a été certifiée par les médecins, garantie par l’état même de la malade qui était atteinte de la phtisie lorsqu’elle vint à Lourdes. Son lupus était, ainsi que la plupart des lupus, d’origine tuberculeuse. Ajoutons que les tubercules des poumons sont partis en même temps que les ulcères de la face ; la Vierge a fait d’une pierre deux coups. Douze ans se sont écoulés, et ni l’une ni l’autre de ces affections ne sont revenues ; l’on peut donc affirmer que Mlle Marie Lemarchand est une miraculée vraiment guérie.

Et je songe maintenant aux cas semblables et cependant différents de ces deux femmes. Mme Rouchel n’a éprouvé aucune commotion, n’a senti aucun de ces souffles chauds ou froids qui sont si souvent les signes avant-coureurs des guérisons, à Lourdes ; elle a été guérie, sans souffrir, sans s’en apercevoir, hors des suppliques des foules et des piscines, seule, dans un coin. Mlle Lemarchand, elle, a souffert atrocement dans la piscine et s’est très bien senti guérir ; et elle n’a pas gardé, comme Mme Rou-