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LES FOULES DE LOURDES

jusqu’à deux heures du jour. On les célèbre partout, sur des autels improvisés de planches, il y en a en haut jusque dans la galerie des grandes orgues ; et les prêtres s’assistent les uns les autres, et l’aide nettoie, après la communion, le calice, à la place de l’officiant pour que le sacrifice finisse plus vite et qu’il puisse à son tour, et sans tarder, être servi. Et il en est ainsi dans la basilique, dans la crypte, dans l’église du village, dans les couvents, partout où l’on a pu dresser des simulacres d’autels ; c’est un moulinet de messes-express qui n’est pas sans m’inquiéter un peu ; quant aux communions des fidèles, elles atteignent des chiffres exorbitants, 125.000 en ce mois.

Il va de soi qu’il est impossible d’approcher de la grotte, de la fontaine et que, si l’on veut prier et se recueillir, le plus simple est de rester chez soi.

Déjà, les pèlerins, hébergés dans le village, remplissent l’esplanade ; on fait queue, comme aux abords d’un théâtre, devant les secourables cabines, et, c’est autour d’elles une pestilence de bouse humaine et d’urine ; des gens rapportent de la ville du pain, du saucisson, du vin ; et des familles, installées sur les pelouses de gazon, cassent la croûte ; on se croirait, un dimanche, au bois de Vincennes, avec les tessons de bouteilles et les papiers gras.

Et voici que, dans un brouhaha de poussière,