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LES FOULES DE LOURDES

une armée de femmes s’avance, en jetant des cris rauques et en gesticulant. Je comprends, en les voyant de plus près, que les quatre trains prévus de l’Espagne sont arrivés.

Ah ! ces maugrabines qui agitent des mouchoirs, envoient des baisers à la foule, en rugissant telles que des hyènes !

Ce sont les filles de Marie de Guipuzcoa ; elles ont l’air de je ne sais trop quoi, ces filles de Marie ; la plupart, brunes et petites, avec des visages ronds, de gros nez, des yeux noirs, de fortes hanches et d’impétueuses croupes ; presque toutes arborent la mantille et jouent de l’éventail. Quelques-unes sont affublées de costumes qui sont un compromis entre la livrée monastique et la toilette de ville ; deux ou trois ont les robes raisin-sec des Carmélites, la ceinture de cuir et une plaque d’émail au corsage, ce sont les tertiaires de sainte Térèse ; d’autres sont habillées en bleu et d’autres en noir, ce sont les enfants de l’Immaculée Conception et les filles de Notre-Dame de Compassion ; d’autres encore sont accoutrées de violet, ce sont les affiliées de la Confrérie des âmes du Purgatoire ; d’autres enfin sont vêtues de vert, la couleur de Notre-Dame Del Pilar ; pas de malades et très peu d’hommes, en comparaison de la masse des femmes, mais beaucoup de prêtres qui fument des cigarettes, pendant que celles des pèlerines qui ne s’éventent