Page:Huysmans - Les foules de Lourdes (1907).djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
119
LES FOULES DE LOURDES

pas sucent des oranges ou croquent des bâtons de chocolat.

Les paisibles habitués de Lourdes s’écartent, ahuris, devant cette poussée d’espagnoles qui les acclament ; ah ! je ne suis pas inquiet ; ce que celles-là vont avoir vite fait de se frayer un chemin, au travers de la multitude jusqu’à la grotte !

Ce serait l’instant de monter à la basilique pour assister à une messe ; elle est bourrée de monde et force m’est de rester près de la porte. Au ruban jaune-souci qui pavoise les boutonnières, je reconnais, assis sur les bancs, le pèlerinage des hollandais.

La grand’messe commence et j’ai la surprise de l’écouter, chantée en vrai plain-chant ; c’est la seule messe propre que j’aurai entendue à Lourdes. Un sermon a lieu, après le Credo. Tandis que le prêtre hollandais prononce en chaire un discours que je ne comprends pas, je regarde, une fois de plus, l’intérieur de la basilique.

Il est d’aspect étriqué, avec la sécheresse de ses arêtes, la ténuité de ses voûtes, la couleur de cendre de ses murs ; il est très inférieur au gothique de la chapelle des Jésuites de la rue de Sèvres dont il rappelle un peu la disposition, par son assemblage de petites chapelles logées dans les bas-côtés et les portes de cave ouvertes dans les pans de murs qui les séparent. Sans élévation et sans largeur, la nef est, en somme, longée de chaque