Page:Huysmans - Les foules de Lourdes (1907).djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
LES FOULES DE LOURDES

grandes et des petites Heures dont on n’entrevoit, publiquement du moins, aucune trace dans la basilique et le Rosaire — personne n’y a entendu chanter, même le dimanche, l’office admirable des Complies. — Et le petit office qui porte son nom, qui fut fait exprès pour Elle n’est-il pas tout désigné ainsi que ces touchantes et que ces naïves proses que le Moyen Âge tissa pour aduler ses douleurs et ses liesses ? — Bref, il faudrait instaurer le « Laus Perennis » de la liturgie Mariale, à Lourdes. — Il fonctionne jusqu’à un certain point, si l’on veut, puisque, jours et nuits, les cantiques ne cessent pas. Mais quelle Laus de pacotille, quelle louange de drogue ! — C’est l’ « En revenant de la revue » et « le père la Victoire » de la piété ; et qui dira l’obsédante importunité de ces « Ave Maria », de ces « Laudate Mariam », de ces « Nous voulons Dieu, c’est notre père », de ces « Au ciel, nous la verrons, un jour », braillés à tue-tête sur des mélodies canailles dont la vraie place serait dans les beuglants d’un faubourg ? Et l’on en mange et l’on en boit, ici ; on s’endort et l’on se réveille en les écoutant ; c’est l’air même du pays, le vent même de Lourdes !

Il y a, pourquoi ne pas le constater, dans cette ville, un clergé montagnard, excellent mais insensible à tout ce qui n’est pas la grosse besogne des processions et des prêches, du maniement des foules ;