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LES FOULES DE LOURDES

hollandais détellent ; il y a les directeurs de leur pèlerinage, des camériers d’honneur du pape, reconnaissables à leur ceinture violette, et rien n’est plus charmant que la bonhomie de ces vieux prêtres, à cheveux blancs, qui ont de bons yeux et de petites bouches qu’ils plissent pour dérouler le tourbillon de fumée bleue de leurs cigares ; ils plaisantent paternellement avec les jeunes hollandaises coiffées de bérets blancs et décorées d’un ruban jaune souci, avec les mères qui apprêtent, elles, le thé et s’interrompent, pour rire à leur aise, de le verser dans les tasses. De jeunes prêtres, bien découplés, aux figures limpides, forment le cercle autour de leurs chefs et de leurs ouailles et sirotent du genièvre, en fumant. On devine une placidité d’âme, une absence de bourrasques nerveuses dans ce clergé qui vit comme les fidèles, ne constitue pas une caste à part, une espèce de parias ignorant tout de la vie, ainsi que notre clergé déprimé par la peureuse éducation de nos séminaires. Tous ces abbés hollandais ont l’air ravi d’arborer dans la rue cette soutane qu’ils ne revêtent en Hollande, de même que dans tous les pays protestants, que chez eux.

L’on peut, à première vue, penser que ces compatriotes de sainte Lydwine manquent un peu d’ascétisme, mais il faut se dire aussitôt que ces ecclésiastiques ont fait, depuis l’aube, un véritable métier