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LES FOULES DE LOURDES

minie monumentale de Lourdes ; il ne s’en était jamais aperçu. — C’est ainsi que partout ailleurs, profère-t-il. — Mais non, ce n’est pas de même que partout ; c’est pis, dans ce douaire de la Vierge ! — Ah ! fait-il, alors que je lui explique le triomphe sournois du diabolisme des statues plantées dans les églises et sur l’esplanade, il y a encore autre chose ; vous le savez aussi bien que moi, la présence de la Vierge attire la présence du démon ; mais à Lourdes, c’est particulier. On pourrait attester que c’est le démon qui a occupé, le premier, la place et que Notre-Dame est venue l’y relancer.

Aussi loin que l’on peut remonter au travers les âges, l’on constate, en effet, que ce lieu fut toujours visité par le Maudit. Les fouilles qui ont été pratiquées, au point de vue préhistorique, ont amené la découverte, dans les cavernes des Espélugues, voisines de la grotte, de silex taillés, de bâtons de commandement, de pointes de flèches en bois de rennes, de squelettes d’animaux et surtout d’ossements humains, calcinés et fendus dans leur longueur, pour en extraire la moelle. Il est donc permis de supposer que des sacrifices humains ont abondé dans ce pays et que l’on y dépeçait, que l’on y grillait, que l’on y mangeait des victimes.

D’autre part, une légende se répète au sujet de ce quartier de roc qui se carre encore derrière la statue de la Vierge, dans l’excavation de la grotte,