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LES FOULES DE LOURDES

cette validité factice ? est-ce un piège tendu par le singe de Dieu, le coup renouvelé des fausses voyantes qu’il suscita du temps des apparitions de la Vierge à Bernadette, pour brouiller les cartes, pour jeter le doute sur la certitude des vrais miracles, ou est-ce autre chose, mais quoi alors ?

Je confesse que cette histoire est celle qui m’a le plus stupéfié à Lourdes, et, plus je la scrute et moins je la comprends, en admettant toutefois que ce gamin ne se rétablisse pas en cours de route ou lorsqu’il sera rentré à l’hôpital, car les exemples de ces guérisons accordées, après un séjour dans le douaire de la Vierge mais seulement après qu’on l’a quitté, abondent.

Je me dis, en sortant de l’hôpital, que Lourdes est beaucoup moins simple que ne le croient et les catholiques et les incrédules. Pour les uns, tout est miracle ; pour les autres, rien ne l’est ; il y a encore autre chose, le mystère plus affolant, selon moi, d’un Dieu qui tolère les parodies ou qui se reprend !

Je vais au monastère des Clarisses, situé sur la même avenue, et je remets, en y arrivant, à la sœur tourière, une lettre d’introduction que j’ai reçue pour son Abbesse. Je voudrais entendre, de sa bouche, le récit d’un miracle très particulier qui lui est advenu, il y a plus de vingt ans.

Je m’installe, en attendant la réponse, dans la