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LES FOULES DE LOURDES

chapelle. Son décor est en parfaite accordance avec les mœurs expiatrices de ses nonnes ; c’est une pauvre bicoque de campagne, très simple, avec, devant la treille noire de la clôture, un maigre autel garni de chandeliers de bois ; elle est très bien, elle est telle qu’elle doit être pour un institut voué à la pénitence ; elle est quasi déserte, à cette heure, et, assis sur une chaise, je pense à cet Ordre admirable de sainte Claire, réformé par sainte Colette. Il est certainement celui des Ordres de femmes qui est demeuré le plus fidèle à sa règle et le plus intact ; et c’est probablement à cause même de cette constance, qu’il s’est montré plus résolu, plus brave que les autres, dans la tourmente ; au reste, on peut le dire, à l’honneur des enfants de saint François, ils sont les seuls qui aient tenu bon jusqu’au dernier moment, les seuls, à l’heure présente, qui aient le courage, en habitant Paris, de porter, en pleine rue, de même que les Capucins, le costume de leur Ordre.

En tout cas, à Paris, au lieu de déserter comme les Carmélites qui ont abandonné, sans coup férir, leur poste de combat, les Clarisses n’ont pas quitté leur geôle de l’impasse de Saxe. Privées de jardins et dénuées d’air, elles y meurent, ainsi que des mouches, mais joyeusement, en réparatrices de crimes qu’elles ignorent ; elles sont les seules parafoudres de la ville, maintenant. Ici, à Lourdes, ce