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LES FOULES DE LOURDES

de la rue Sala, à Lyon, lorsqu’en 1867, peu de temps après avoir émis ses vœux, à l’âge de vingt-cinq ans, elle fut atteinte d’une affection cancéreuse du lobe gauche du foie ; elle fut, trois années, malade, employée à l’infirmerie, puis il lui fallut s’aliter et elle demeura, couchée, pendant sept ans ; elle ne pouvait s’alimenter et était arrivée à un tel état de dépérissement que l’on attendait sa mort, de jours en jours ; ce fut alors que la mère Térèse qui avait été envoyée, depuis deux années à Lourdes afin d’y établir, avec quelques unes des moniales de Lyon, le monastère actuel, écrivit à sa maison-mère de la rue Sala pour obtenir qu’on lui donnât la sœur Marie des Anges. De deux choses l’une, disait-elle, ou elle guérira et, ce sera la preuve que notre création de cloître est approuvée par la Vierge, ou elle ne guérira pas, mais alors elle fondera l’infirmerie, sera notre première malade et, en sa qualité de membre souffrant du Christ, elle portera bonheur à la communauté.

Notre mère de Lyon, reprit l’Abbesse, après un silence, ne savait à quoi se résoudre ; elle jugeait — et c’était l’avis unanime des médecins — que j’étais trop malade pour subir les fatigues d’un voyage à Lourdes ; elle me consulta, mais, moi, je n’avais pas d’opinion ; j’étais liée par mon vœu d’obéissance, prête à rester ou à m’en aller où l’on vou-