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LES FOULES DE LOURDES

à saint Simon Stok et surtout une petite Vierge qui se déhanchait un peu, en souriant, avec des yeux étonnés dans un visage ravi ; pour une fois, à Lourdes, on se trouvait en face d’une Madone pas neuve et l’on pouvait regarder des murs qui n’étaient pas blancs !

Très silencieuse, à peine éclairée, très intime, elle était presque vide pendant la semaine et, au sortir des foules du nouveau Lourdes, quel délicieux abri, c’était ! — Les quelques femmes qui priaient devant le Saint-Sacrement demeuraient immobiles sur leurs chaises et muettes ; pas un bruit. Quelle différence entre cette piété foncière, assez sûre d’elle-même pour être calme et cette fureur agitée des pèlerins de la Basilique et du Rosaire ! il semblait que Marie, elle-même, se ressentît de cette atmosphère lénifiante, de ces oraisons pas pressées, de ces suppliques placides. On éprouvait la vague impression qu’au lieu de rester debout, pour recevoir ses invités comme dans toutes les autres églises de la ville, Elle s’asseyait, ici, plus à l’aise, plus en famille, plus tranquille. C’était avec Elle une douce et longue causerie, dans le silence et l’ombre.

Et, le dimanche, la nef se remplissait pour la grand’messe. Peu d’hommes, mais beaucoup de femmes et de jeunes filles qui, avec leurs robes et leurs capulets noirs, suggéraient l’immédiate vi-