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LES FOULES DE LOURDES

sion de nonnes priant dans une antique chapelle de cloître ; et, dans ce pauvre sanctuaire de village, le service divin s’affirmait presque luxueux. Il y avait de gentilles théories d’enfants de chœur, proprement habillés de robes et coiffés de calottes violettes, un grand suisse rouge, une maîtrise de petits montagnards et de quelques chantres aux voix métalliques qui chantaient du plain-chant.

Je m’y réfugiais souvent, heureux de suivre ma messe en paix et de ne pas entendre de faridons.

Cette église n’existe plus ; les Vandales l’ont jetée bas et construit, pour la remplacer, à quelques pas plus loin, une espèce de cathédrale qui est au roman ce que la Basilique est au gothique, c’est-à-dire une merveille de vilenie, un haut-le-cœur d’art.

Démolir une ancienne église, patinée par des siècles de prières, pleine du souvenir de Bernadette, pour lui substituer un grossier monument voulant lutter à coups de vitrailles infâmes et de clinquant avec la Basilique, quelle aberration ! Il en triomphe sans peine, d’ailleurs, avec son architecture de roulier et sa pesante et son obtuse nef au bout de laquelle se dresse un grand autel dont les différents marbres ressemblent à un assortiment de fromage d’Italie, de galantine et de farce, le tout recouvert d’un énorme ciborium en carton et en bois, glacés d’or. L’on dirait de la scène d’un guignol. Ô le Ca-