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LES FOULES DE LOURDES

lumes « Le Cas de M. Lasserre » et « Les Origines de Notre-Dame de Lourdes », Lasserre ne parvint pas, ainsi qu’il le désirait, à « imposer sa personne et son livre » aux évêques de Tarbes et aux Pères de Garaison et il garda de cet échec une si féroce rancune qu’elle permet de suspecter l’équité de ses jugements, l’aloi même de ses récits.

Mais venons aux faits incriminés. Les missionnaires de Lourdes sont-ils riches et vendent-ils des statues, de l’eau et des cierges ? oui, c’est indéniable — Et de cela, je ne les félicite, ni eux, ni leurs successeurs ; — mais la question ainsi posée, une autre reste à résoudre, celle de savoir comment ils dépensent l’argent ainsi gagné.

Or, il est très évident que si les recettes sont colossales, les frais ne le sont pas moins. Il faut se remémorer que tout est gratis dans le domaine de la Grotte. Pour éviter autant que possible la simonie, le Père Sempé ne voulut pas que les prêtres fussent tenus, de même que dans les autres pèlerinages, de payer leurs messes ; et si l’on songe que ces messes s’élèvent à des centaines de mille par an ; si l’on suppute ce que peut coûter le linge de corps et d’autel, le vin, les hosties pour les célébrants et les fidèles qui consomment parfois jusqu’à 140,000 communions par mois ; si l’on tient compte de la malpropreté et du sans-gêne des ecclésiastiques de passage qui salissent et déchirent