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LES FOULES DE LOURDES

ni dans les églises ; ajoutons que, ni à la Basilique, ni à la crypte, ni au Rosaire, il n’existe de places réservées, de prie-dieu de luxe ; c’est donc l’égalité parfaite entre l’indigent et le riche. Trouvez-moi une église où il en soit de même !

Quant aux mercantis du vieux Lourdes, ils ne m’intéressent pas plus que ceux du nouveau et je ne comprends pas pourquoi Zola s’est plus épris des uns que des autres. Ils sont, pour la plupart, des cormorans qui se disputent sinon la peau, au moins la bourse des visiteurs.

Est-ce que d’ailleurs ceux du vieux Lourdes qui s’improvisent hôteliers, restaurateurs, marchands de chapelets et de médailles, pendant les pèlerinages, ne gagnent pas aisément de l’argent ? est-ce qu’ils ne débitent pas des statues et des cierges aussi bien que les Pères ? est-ce que ceux-ci s’en sont réservé la vente ?

Ce ne sont pas eux non plus, je pense, qui ont inventé cette abjection commerciale des bonbons et des pastilles à l’eau de Lourdes que les boutiquiers fournissent !

Non, au fond, l’on ne m’ôtera pas de l’idée que l’antique animosité de Lourdes contre ses évêques et ses missionnaires,« ces monomanes de la propriété », comme les nomme le cacographe Lasserre, tient surtout à ceci qu’ils ont acquis les terrains qui font face, de l’autre côté du Gave, à la Grotte.