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LES FOULES DE LOURDES

S’ils avaient pu être achetés par les habitants du pays, on y aurait installé de somptueux hôtels, avec remises d’automobiles et soupers fins ; à un moment donné, l’on aurait jeté un pont pour relier les deux rives ; l’armée des touristes, des Anglais et des Américains, venus de Pau, de Bagnères, d’Argelès-Gazost, de Luchon, aurait pu festoyer, en assistant ainsi que sur la terrasse d’un café des Ambassadeurs à Paris, au spectacle varié des processions, des prières, des bénédictions du Saint-Sacrement, des miracles à la fontaine. Ils auraient été aux premières loges et auraient soldé les additions en conséquence ; l’on eût empoché des millions.

Les Pères, qui ont laissé ces terrains à l’état de prairies, ont justement voulu empêcher, en s’en emparant, de telles hontes !

Quand l’évèque et le Père Sempé n’auraient fait que cela, ils auraient encore bien mérité de Notre-Dame !

Zola qui se documentait au galop ne paraît donc pas du tout s’être rendu compte de la situation exacte des dessous de Lourdes.

A-t-il vu plus clair lorsqu’il voulut peindre un portrait en pied de Bernadette — dont il parle d’ailleurs avec tendresse, comme il a aussi parlé avec respect de la Vierge qu’inexplicablement encore les feuilles catholiques l’accusent d’avoir traî-